Une longue allée à la française, aménagée en 1904, conduit au château, un édifice à la fois simple et sobre, harmonieux et discret, de plan rectangulaire, constitué d’un corps de logis flanqué de deux ailes, en léger ressaut à l’est comme à l’ouest. L’élévation est à deux étages pour l’ensemble de ce bâtiment alors que les deux ailes basses le prolongeant au nord et au sud ont une élévation à un seul étage surmonté d’un toit à la Mansart. Les toitures du corps de logis proprement dit sont percées, à leur base, de lucarnes rectangulaires surmontées de frontons triangulaires, alors qu’elles sont en plein cintre sur les parties saillantes.
Construite à la charnière de deux siècles, cette demeure est le reflet de tendances diverses : tandis que les autres toitures et les grandes fenêtres rectangulaires sont caractéristiques du 17ème siècle, l’emploi exclusif de la pierre, l’appareillage à refends soulignant les angles des avant-corps et des ailes, et l’élévation élégante et équilibrée des façades le classeraient volontiers parmi les édifices du 18ème siècle. Du côté de la cour d’honneur, l’avant-corps central en légère saillie est surmonté d’un fronton triangulaire. Du côté du jardin, l’avant-corps plus saillant est à trois pans et forme un pavillon. Il est occupé par le grand salon. Comme on le remarque généralement au 17ème siècle, la décoration sculptée est très sobre et se limite presque exclusivement aux guirlandes de feuilles surmontant la porte d’entrée au centre de chacune des deux façades. La clef des arcs des fenêtres est aussi ornée d’une feuille d’acanthe.
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A l’intérieur, la salle à manger, le petit et le grand salon et l’ancienne salle de billard, en particulier, ont reçu un beau décor de boiseries, dont les moulures rectilignes encadrent ça et là des guirlandes de fleurs et des trophées de chasse.
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Belles demeures
P. Roy
Culture et Civilisation
PHOTOS
CHATEAU DE PROUZEL
XVIIème et XVIIIème
DESCRIPTION
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L'HISTOIRE
Prouzel appartenait à l’origine à une famille de ce nom qui est mentionnée en 1233 et dont l’un des membres, Jacques de Prouzel, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne, périt à Azincourt en 1415. Sa fille, mariée à Walleran de Rivery, hérita du domaine. Il passa ensuite, par legs successifs, vers 1490, aux Le Scellier, puis aux Villepoix, avant d’être vendu, en 1696, par Charles de Villepoix à Adrien Creton, seigneur de Wiameville, conseiller du roi, maire d’Amiens, à qui l’on doit la construction, en 1699 et 1700, du château actuel.
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A sa mort en 1732, il laissa le domaine à son fils, Louis-Joseph Creton, qui à son tour le légua à sa mort, en 1777, à son neveu Louis-Joseph Gaillard d’Auberville, seigneur de Boëncourt, conseiller du roi et président au présidial d’Abbeville.
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Bien que construit à la fin du 17ème siècle, ce n’est que beaucoup plus tard, sous Louis XVI, que fut aménagé l’intérieur du château. La décoration fut confiée à Jacques Rousseau, l’architecte amiénois alors bien connu (à qui l’on doit, entre autres, l’ancien théâtre d’Amiens et le château de Saint-Gratien). Il travailla à Prouzel probablement à une date se situant en 1760 et 1785. C’est à la même époque, en 1784 très précisément, que furent construites en brique les dépendances.
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Marie-Amélie Gaillard d’Auberville hérita de son père, Louis-Joseph, le domaine. Elle épousa le général Léon Juchault de Lamoricière, qui se distingua surtout en Algérie. En 1847, il eut l’honneur de recevoir la soumission d’Abd El Kader. C’est vers 1860, après sa défaite à Castelfidardo, où il fut battu par les Italiens, qu’il se retira à Prouzel. Il y mourut le 11 septembre 1865. Madame de Lamoriciére vendit le domaine en 1880, au baron de l’Epine.
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Aujourd’hui, si cette demeure a retrouvé son aspect d’origine, elle le doit au baron Gérard de l’Epine qui mit tous ses efforts à la restaurer de façon exemplaire. A l’extérieur, les toitures furent refaites et toutes les fenêtres à grands carreaux remplacées par des fenêtres à petits carreaux.